Cimetière abandonné
Gras Frédéric

 

Mes pas m'avaient emmené,
Mais le temps aussi l'exige,
Dans ce cimetière abandonné.
Là,
Sur les granites rongés
Résistaient quelques vestiges,
Quelques noms par le temps, outragés.
Et bientôt,
Qui s’en rappellera ?
Qui se souviendra ?
De leurs corps dispersés
Oubliés.
Qui se rappellera ?
Qui se souviendra ?
De leurs vies effacées.

Mais
Ici, les tombes se cachent
Sous les feuilles, le liseron
Que personne, depuis longtemps, n'arrache.
Juste
Une pensée pour nous, ayez
Nous, que les jours dissiperons,
Me crient ces noms que je balayais.
Et pour nous ?
Qui se rappellera ?
Qui se souviendra ?
De nos joies, de nos rires
Nos soupirs.
Qui se rappellera ?
Qui se souviendra ?
Du vent dans tes cheveux
De tes yeux.
Qui se rappellera ?
Qui se souviendra ?
De nos cris, de nos peurs
Nos humeurs.
Qui se rappellera ?
Qui se souviendra ?
De ce qu’on a vécu.

Car
Nous marchons sur des chemins
Que tant d'autres ont empruntés
Mêmes rires, mêmes larmes, mêmes humains
Et
Ces cohortes d'oubliés
Défilant en rangs serrés
Emportés par le vent des années.
Par millions !

Qui s'en rappellera ?
Qui s'en souviendra ?
De leurs joies, de leurs rires
Leurs soupirs.
Qui s'en rappellera ?
Qui s'en souviendra ?
Du vent dans leurs cheveux
Et pour toi ?
Qui se rappellera ?
Qui se souviendra ?
Quand ceux qui t’ont aimé
Auront fait leurs adieux
Eux aussi envolés...
Disparaitront ainsi
Nos haines et nos amours
Et notre court séjour !